Avec la crise du covid notamment, qui a poussé beaucoup de salariés à quitter leur société, puis à revenir pour différentes raisons, la tendance des salariés « boomerang » a augmenté dans le secteur de la finance. Si ce phénomène peut être bénéfique pour l’entreprise, attention à bien le gérer.
Qu’est ce qu’un salarié « boomerang » ?
Un « salarié boomerang « désigne un professionnel qui quitte volontairement son emploi dans une entreprise. Puis décide ultérieurement de revenir y travailler. Cette tendance est de plus en plus courante dans le monde du travail. D’après le baromètre LinkedIn de l’emploi, publié en février dernier, la part des salariés boomerang français s’est accrue de 36 % en trois ans : 2,38% des inscrits sur LinkedIn ont changé d’employeur en 2022, contre 1,75% en 2019.
Quel est l’intérêt des salariés « boomerang » pour la finance ?
Autrefois dénigrés et accusés d’être des « job-zapper », les ressources humaines peuvent tirer bénéfice de ces salariés « boomerang ». Ceux-ci ont souvent une connaissance préalable de la culture de l’entreprise et de ses processus internes. Cela peut conduire à une intégration plus rapide et à une productivité accrue. De plus, ces employés sont souvent considérés comme des atouts précieux car ils ont choisi de revenir, témoignant ainsi de leur attachement à l’entreprise. Ils reviennent aussi après avoir vécu des expériences et acquis de nouveaux savoir-faire qu’ils peuvent partager avec l’entreprise. Cette pratique est donc particulièrement pertinente pour les ressources humaines, d’autant plus dans un contexte où la fidélisationActions mises en place auprès des clients afin de les inciter à acheter toujours les produits et services auprès de la même entreprise. des employés peut être un atout pour montrer l’employabilité de la société.
Notons que les salariés boomerang sont en majorité des hommes, deux fois plus représentés que les femmes. Ce sont aussi des cadres, pour 32 % d’entre eux, notamment des managers, souvent avec un profil sénior, issus des grands groupes et provenant de tous les secteurs d’activités.
Pourquoi le phénomène des salariés « boomerang » s’amplifie dans la finance ?
L’augmentation des salariés boomerang touche différents secteurs. Parmi ceux-ci, on trouve la finance. Après avoir été dans une ou plusieurs entreprises, des cadres de ce domaine peuvent souhaiter revenir dans leur société initiale.
Là encore, le covid aurait eu un impact sur cet état de fait. Beaucoup de salariés sont partis pour voir si l’herbe n’était pas plus verte ailleurs. Mais, le résultat n’a pas été forcément conforme à leurs attentes. Ainsi, en France, en 2022, « 63 % des démissionnaires estiment avoir fait un choix précipité », selon l’étude Morning Consult pour UKG.
Les raisons de cela ? Des personnes ont suivi des processus de recrutement accélérés et effectués quelquefois en visioconférence. Cela a pu amener certains candidats à jouer le jeu de l’entretien de recrutement jusqu’au bout. Et, in fine, à se retrouver dans un poste qui ne leur correspondait pas forcément. Cela les aurait certainement amené par la suite à reconsidérer le bien-fondé du départ de l’entreprise où ils avaient précédemment travaillé. Une autre raison peut être soulevée pour expliquer l’augmentation des salariés « boomerang » dans le monde de la finance : celle de la volonté d’avoir une hausse de salaire en revenant dans l’entreprise. Objectif, notamment : compenser les effets de l’inflation.
Heureusement pour les salariés « boomerang », comme nous l’avons vu, leur démarche est généralement bien perçue de la part des ressources humaines. Dans ce sens, certaines sociétés n’hésitent pas à mettre au point de façon plus poussée qu’auparavant l’offboarding, qui regroupe l’ensemble des actions mises en place pour le départ du salarié. Pour ces sociétés, l’offboarding peut être une façon de garder un lien avec le salarié. Et éventuellement de pouvoir le récupérer au cas où tout ne se passerait pas pour le mieux dans sa nouvelle entreprise. Ainsi, d’après l’étude de Robert Walters, 72 % des personnes sondées ont indiqué être toujours en contact avec leur manager antérieur, dans le but de recevoir des conseils professionnels, dans la possibilité de revenir, ou simplement car il s’entendait bien avec lui.
De leur côté, une grande majorité des managers interrogés espèrent pouvoir réembaucher un ancien collaborateur, dans le cas où celui-ci serait un bon élément. Une façon pour l’entreprise de travailler encore une fois sur la marque employeur, en montrant sa capacité à retenir les talents. Cela peut être mis en avant par l’entreprise comme un élément d’attractivité. Attention toutefois, le salarié « boomerang » revenant dans son ancienne entreprise obtient souvent des avantages que les autres collaborateurs n’ont pas toujours. Ceux-ci peuvent alors avoir également l’idée d’aller voir ailleurs, dans la perspective par exemple embauché d’être ensuite par l’ancienne entreprise dans de meilleures conditions.