La prise en compte du handicap au travail peut être une promesse des gouvernements successifs. Sur ce volet, Emmanuel Macron déclarait en 2017 vouloir améliorer l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap de différentes façons. Par le fait d’introduire une labellisation spécifique pour les formations leur étant destinées et en prenant en compte les débouchés professionnels. Il prévoyait aussi un abondement public pour le compte personnel d’activité, ou CPA, des personnes handicapées. Et devait également mettre en place des contrôles aléatoires auprès des entreprises pour voir si elles respectent les règles.
Or, actuellement, d’après, l’Agefiph, l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées, 657 400 personnes reconnues comme handicapées étaient employées dans les entreprises assujetties à la législation sur l’emploi des personnes handicapées en 2022. Soit 3 % de plus que l’année précédente.
Cela est mieux que l’année précédente. Mais, plus dans le détail, un peu moins d’un tiers seulement des entreprises de plus de 20 salariés sont dans les clous concernant le fait de devoir déployer au moins 6% de personnes handicapées.
Dans cet état de fait, la fonction financière n’est pas forcément la mieux lotie. S’il est pourtant difficile de connaître les chiffres exacts des personnes handicapées par service, selon le cabinet The Helpr, spécialisé dans l’accompagnement à l’innovation sociale des organisations, ceux-ci seraient sensiblement les mêmes que dans les autres fonctions supports de l’entreprise. Ce qui donne des chiffres pas forcément très élevés concernant la fonction finance.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cela. Tout d’abord, certainement, la vision négative quelquefois des salariés sur les personnes en situation de handicap au travail. Un certain nombre de personnes « valides » peuvent les voir comme des personnes pas assez productives. Or, celles-ci, selon le cabinet The Helpr, amèneraient en fait de grands bénéfices pour la société. Elles permettraient de développer une solidarité entre les collaborateurs. La personne en situation de handicap pourra par exemple faire souvent appel aux salariés de façon transversale, afin d’être aidée dans ses tâches. Afin de pallier aux éventuelles baisses de performances du salarié en situation de handicap, les autres collaborateurs de l’entreprise peuvent l’aider et partager leurs savoirs. Une plus grande cohésion d’équipe qui pourrait amener de meilleures performances de la société. De leur côté, les personnes en situation de handicap peuvent faire valoir leurs différences à des salariés et les enrichir de cette façon.
Une autre explication au fait que les personnes en situation de handicap soient mal représentées dans les fonctions financières, est que la représentation des « référents handicap » ne soit pas assez développée. Soulignons que ceux-ci sont généralisés dans toutes les entreprises employant au moins deux cent cinquante salariés depuis la loi du 22 mai 2019. La loi précise d’ailleurs dans l’article L5213-6-1 du code du travail qu’ « est désigné un référent chargé d’orienter, d’informer et d’accompagner les personnes en situation de handicap ». Davantage et mieux utilisés, ceux-ci pourraient permettre d’inclure davantage les personnes en situation de handicap.
Les référents handicap développent en effet une connaissance approfondie des problématiques liées au handicap et des dispositifs d’accompagnement disponibles. Ils sensibilisent les managers et les salariés aux questions d’inclusion et de diversité.
Ils apportent un soutien personnalisé aux travailleurs handicapés, en les aidant à identifier leurs besoins et à mettre en place les solutions d’aménagement de poste ou de formation adéquates. Ils facilitent également leur communication avec l’entreprise et les organismes compétents. Les référents handicap contribuent à créer un environnement de travail plus inclusif et bienveillant, où les différences sont valorisées.
Un autre facteur expliquant la sous représentation du handicap dans le monde de la finance réside dans la difficulté à minimiser l’imprévisibilité lié au handicap. Pour pallier cela, il peut aussi être intéressant pour l’entreprise de travailler sur l’organisation et la formation des managers. Des managers peuvent mieux comprendre les besoins et les défis des personnes en situation de handicap. Cela leur permet d’adapter leur style de management et de créer un environnement de travail plus inclusif. Ils peuvent identifier les talents et les compétences des personnes en situation de handicap. En effet, le handicap ne définit pas les capacités d’une personne, et il est important de valoriser les compétences individuelles plutôt que de se concentrer sur les limitations. Ils peuvent lever les barrières à l’emploi et à l’avancement des personnes en situation de handicap. Ils sont aussi la possibilité de favoriser un dialogue ouvert et constructif avec les personnes en situation de handicap. Cela permet de mieux comprendre leurs besoins et de trouver des solutions ensemble.
Notons que de nombreuses formations sur le management du handicap sont disponibles auprès d’organismes spécialisés, d’associations et de cabinets de conseil.