Face à la pénurie des adresses IPv4 annoncée par l’ARCEP courant l’année 2019, la migration vers l’IPv6 qui regorge de nombreux avantages s’avérait obligatoire. Les entreprises, les fournisseurs d’accès internet, les hébergeurs devraient prendre les dispositions nécessaires pour cette migration. Toutefois, force est de constater que même 2 ans après, les lignes semblent ne pas avoir bougé comme l’aurait espéré l’autorité de régulation. Dans un de ses rapports, l’ARCEP a fait un point sur l’état d’avancement du projet de migration. Ce rapport, a permis de dégager les bons et les mauvais élèves.
Selon certaines sources, en 2021, la France occupait la 5ème place en Europe avec environ 45% de taux global d’utilisation de l’IPv6. Ce taux a été favorisé par les confinements successifs qu’a connus la France puisque déjà à la mi-mars, le taux était de 37% avant de remonter à 43% vers fin avril. Dans son rapport de 2024, l’ARCEP annonce que le taux global d’utilisation est passé désormais à 62%.
Quel est l’état des lieux de la migration vers l’IPv6 aussi bien chez les acteurs de la téléphonie, les hébergeurs et même au sein des administrations publiques ? Voilà la principale question à laquelle nous répondrons dans le présent article.
Les bons et mauvais élèves de la migration à l’IPv6
Dans son rapport sur l’état d’internet publié le 7 Juillet 2021, l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Électroniques, des Postes et de la distribution de la presse), a présenté l’état d’avancement du passage à l’IPv6 chez les opérateurs du secteur de la téléphonie, les fournisseurs d’accès internet (FAI) … Voyons de près, quelques éléments clés de ce rapport.
Chez les acteurs de la téléphonie
Au niveau des opérateurs intervenant dans le domaine de la téléphonie, Free et Orange se démarquent du lot avec des taux encourageants respectifs de 99% et de 75%. Bouygues a un taux de progression faible de 28% tandis que SFR semble ne pas être encore prêt avec un taux de 1,6%. L’ARCEP surnommée par certains « gendarme des télécoms » a également tenu à attirer l’attention des opérateurs sur le 4G fixe. Ainsi, trois opérateurs (SFR, Free, Bouygues Telecom) sont invités à entamer au plus vite la transition. Orange quant à lui, est invité à activer l’IPv6 par défaut.
Au niveau des réseaux mobiles, on remarque une transition beaucoup plus importante sur les iPhones comparativement aux appareils évoluant sous Android (Bouygue 98%, Orange 60%). Au niveau des offres professionnelles, une forte disparité est observée. Free quant à lui est encore à ses débuts et légèrement devancé par SFR.
Trois bons élèves chez les hébergeurs
Au niveau des hébergeurs, le constat n’est pas trop reluisant non plus. En Novembre 2020, seulement 26% des principaux sites visités par les Français étaient en IPv6. Ce chiffre est en baisse par rapport à celui d’Octobre 2019 où le taux était de 27%. Il continue même de baisser puisqu’à la mi 2022 il était de 25%. Toutefois, parmi les nombreux hébergeurs, 1&1, IONOS et Cloudflare viennent en tête de liste avec les trois quarts de noms de domaine des sites web en IPv6.
Au niveau des hébergeurs mails, le constat est encore plus alarmant. Alors qu’en Août 2002, 6% des serveurs étaient adressés en IPv6, toute extension comprise (.fr, .re, .pm, .yt, .tf, et .wf), à la mi-2019, ce taux va chuter à 5,8%. Seul Google aura fourni de gros efforts avec environ 95% de noms de domaine pour les mails en IPv6.
Dans le cas des serveurs DNS, l’ARCEP a de quoi se frotter les mains puisque 75% des serveurs faisant autorité étaient déjà en IPv6 en Aout 2020.
Quel point au niveau de l’administration française
Au niveau de l’administration française, 45% des serveurs DNS sont passés à l’IPv6, contre 2,1% des sites web principaux et 1,6% des sites web secondaires.